FRONTIERES EXTERNES, INTERNES
CARCUL DE FRONTIERES
REPRESENTATION
MODELISATION
FRONTIERES
Envoyé par: FOSSAT Jean-Louis <fossat@univ-tlse2.fr> (mwall.univ-tlse2.fr)
Date: Mardi, 30 Novembre 1999, ˆ 12:05
L'analyse dialectale de la question des FRONTIERES est un point de passage obligé en linguistique aréale autrement dit territoriale. Les conclusions de la géolinguistique, de la dialectologie, comme de l'archéologie des savoirs philologiques conduit à mettre en doute fondé l'existence même de frontières oipéques construites comme muurs, murailles, limites infranchissables, par exemple muraille interne entre deux variétés que certains se représentent comme des dialectes d'une langue unifiée l'occitan d'OCCITANIA que sont les variétés normées gascon et languedocien.
RESEAUX SOCIAUX, FRONTIERES, DISTANCES NON EUCLIDIENNES, MODELISATION (TAPIS, POLYGONAGE, GRAPHES)
Imaginez un itinéraire (parcours) de maquignon (traficaire) partant de Massat et se rendant à Aspet pour vendre une paire de braus gascons; son itinéraire passe par Biert, St-Girons, il peut faire un détour par Auragnou, ou Rivèrenert, se rendre à Castelnau-Durban pour le marché, ou se rendre à Aspet pour la foire de la Sainte-Catherine en passant par Augirein et la Bethlongue, territoire reculé, longtemps ignoré de la géolinguistique comme des Etudes Rurales. Il ne traverse pas des murailles, des frontières opaques, frontières spécifiées mesurées en termes euclidiens; il en est d'ailleurs de même s'il doit se rendre à Viella (à la foire du 8 octobre, à Salardu, à Tredos, voire à Benasque à la "fontière de transition" des aires de communication catalanophone, occitanophone, et à la frontière territoriale aragonaise (aragonés-fablans, Consello dera Luenga, Huesca: Pr. Fancho Nagore).
BIBLIOGRAPHIE
Un récent ouvrage de Daniel BAGGIONI "Langues et nations d'Europe" (Paris, Payot, 1997) vient utilement relancer la problématique, qui a été abordée dans des cadres théoriques très différents: cadre structuraliste; cadre variationniste; cadre des Etudes marxistes (Marcellesi, Baggioni, Fossat, etc.) cadre pragmatique actuellement; les frontières opaques ont cédé le pas aux frontières "poreuses" définies en termes de transgression des interdictions de passage (contrainbtes transgressables); et je les définirais volontiers comme frontières négociables, en rapport avec des stratégies d'invention des identités plurielles, caractérisées par des arrangements négociés. S'il y a processus de construction nationale, pour une langue telle que l'aragonais, il faut faire remonter un tel processus à l'origine de la Corona de Aragon, qui recouvrait alors Aragon, Navarra et Catalunya; c'est dans ces conditions que s'est institué ou constitué l'aragonais, qui a dû négocier avec le CASTILLAN, mais aussi bien avec le LEONAIS (CASTILLE-LEON); s'il y a eu une identité béarnaise, ce n'est pas une identité unique, uniforme, mais une identité plurielle, qui s'est construite (???) autour de la langue juridique de chancellerie (chancellerie de Pau), au vosinage des chancelleries de la Couronne d'Aragon; on demandera par exemple à F. LE NAIL (directin des Archives Départementales des Hautes-Pyrénées) en quelle langue écrivaient les notables de HUESCA, TORLA, GRAUS, GISTAIN; écrivaient-ils en aragonais (langue nationale) ou en haut-béarnais, en haut-gascon pyrénéen? Tant que l'on ne dispose pas d'une documentation objective à ce sujet, on devra manifester une grande prudence; c'est cette même problématique que peuvent éclairer les travaux du navarrais de Vittoria CIERBIDE, sur les versions occitane, navarraise, catalane, occitane, italienne de la documentation de l'Ordre de Jérusalem. Ce qui peut être mis en doute fondé, c'est l'existence même de ce "dallage" ou "compartimentage" de l'Europe en espaces (polygones) opacifiés et séparés par leurs frontières"; la muraille pyrénéenne n'existe pas entre Gavarnie et TORLA; entre LESCUN et SALLENT DE GALLEGO, du moins comme muraille opacifiée; les traités de lies et passeries, les pratiques intercommunautaires, définissent des ilôts de confiance, d'intercommunication d'Andorra, de la Seu de Urgell au Somport; ceci éclaire une problématique qui relève des concepts de la géopolitique linguistique des rapports dialectiques entre ETAT et NATION d'une part; entre citoyenneté, définie par rapport à l'Etat, tant qu'il existe, et nation définie soit par rapport à l'état, soit en rapport avec un socle culturel et territorial.
Le premier pas en cette direction, repose sur une remise en question du concept même de langue standard, standard opacifié, au profit de ce que Louis Guespin, Metzeltin appellent espace de NORMAISON (contre le concept de normalisation, trop lié au processus de standardisation); le second concept est celui d'officialisation de la langue par sa littérature juridique (langue de chancellerie, caractérisée en termes de normaison). Par exemple, langue de chancellerie de PAU (Syndics de Béarn), abordée à partir de la base de textes juridiques établis par Pierre TUCOO-CHALAA (Université de Pau et des Pays de l'Adour).
La question qui nous occupe par rapport aux thèses de Skúkz sur les "trois Europes" est la question de la Genèse d'une Europe Méridionale sur l'axe de l'Ibéro-Romania; et par rapport à cet axe, la genèse d'une identité plurielle pyrénaïque sur l'axe frontalier pyrénéen, avec genèse d'une variation interne intra-pyrénéenne et inter-pyrénéenne.
La langue nationale de MASSAT, définie par rapport à l'Etat français est le français; la langue de communication est un français marqué qui présente des caractéristiques très précises de "classe-objet", et ces caractéristiques sont restées constantes, invariantes, des origines de l'implantation du français à nos jours.
Ce qui nous concerne donc ici, c'est moins l'occidentalisation des langues et cultures que leur pyrénaisation; ce sont donc les marqueurs et indicateurs pyrénaïques, marqueurs de culture pyrénaïque qui mobilisent de manière cruciale notre attention. Ainsi, on apprrnd que la METATHESE de [r] constitue par rapport à l'Europe linguistique méridionale un critère d'homogénéisatio et définit, en termes de genèse, comme de typologie, deux groupes de comportement langagier: groupe SARDE, en Italie Linguistique (Lucia MOLINU, 1999, Journées de phonologie); domaine GASCON et ARAGONAIS, plus spécialement GASCON INTRAPYRENEEN en domaine méridional dit OCCITAN: brente; brentesca; hrobir; brespe etc...; mais en domaine GASCON pyrénéen, cette variable ou clé se compoprte comme variable gradable, négociable, au sein d'un système défini en termes de phonologie lexicale et de phonologie postlexicale.
De même on a conçu comme frontière opacifiée une isoglosse [r] initial interdit en langue/culture intrapyrénéenne et défini comme obligatoire et nécessaire la représentatin d'un R SONANTE pyrénaïque, développant une voyelle atone "extramétrique [a] ajoutée, comme ajoutée, ces ajouts relevant souvent d'une conception GRAPHIQUE (métathèse, épenthèse, prothèse; anaptyx); on tendra à privilégiert, face à ces concepts de nouveaux concepts qui se fondent sur l'ECOUTE, la représentation des faits de phonologie fondés sur leurs tracés phonétiques (Grammont, Rousselot; tracés de Jean Séguy: cimetière des tracés... A 417, UTM); c'est la façade aquitanique, donc atlantique des frontières qui nous intéresse directement; toutefois la synthèse ambitieuse produite par BAGGIONI est très éclairante pour notre propos, dans la mesure où elle apporte, à partir de données empiriques fiables et valides, un éclairage explicatif nouveau.
Loin de vouloir actuellement proposer une extension de la réflexion aux sociétés asiatiques, nous serions heureux de voir dans quelle mesure les concepts avancés permettent d'éclairer une géolinguistique sociolinguistique: sociétés rurales des Maramures, de la frontière de la Bukovine et de l'Ukraine: pourquoi l'Ukraine? ceci est une autre question...; sociétés intrapyrénaïque à organisation et droit fondés sur la matrilinéarité (droit des femmes en Andorre, dans les Pyrénées centrales et occidentales). Ceci pourrait être l'occasion, on le sait de revisiter les thèses de SCHUCHARDT, en matière de linguistique du doimaine EUSKARA (nord et sud).
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