ERCVOX

SAUMATER
ROMEGOS
ROMEGUERAS
romeguèras: DERIVATION ROMANE DECALEE

Envoyé par: Fossat J.-L. DICTIONNAIRE <fossat@univ-tlse2.fr> (stci-hurvois.univ-tlse2.fr)
Date: Mardi, 28 Novembre 2000, ˆ 12:21

romeguèra, et son composé préfixé en [a] extramétricisé ( s'arromegar; s'arromerar etc. ) est une des 26725 entrées documentée dans le DICTIONNAIRE EXPLICATIF et COMBINATOIRE; en extension ce dictionnaire est destiné à recevoir à terme une information globale de 500.000 entrées (domaine pan-occitan); c'est, du point de vue des experts de l'analyse phonologique et morphologique (V. PLENAT/ROCHE) une formation par dérivation décalée; cette formation décalée est, hstoriquement une des caractéristiques de la formation du lexique des langues indo-européennes; c'est un des points de passage obligé de toute théorie de la racine, en rapport avec la syllabation; et ceci concerne la formation des unités lexicales romanes par dérivation décalée
(1) sur les participes passés amare : amatare; cantare : cantitare; dormire: dormitare
(2) sur des suffixes intensifs : dormitare est concurrencé par dormiclare; dans le cas qui nous concerne, RUMICARE est déjà, de par la structure du latin classique (qui persévère en latin parlé) une formation étendue ou décalée; les formations dérivées de cette strate seront appelées formations "décalées" primaires ou romanes, pour les opposer aux formations décalées secondaires (innovations gallo-romanes, intensives, ou ailleurs ibéro-romanes, intensives (ex. aragonais macho : machichón / machuchón : type de formation secondaire "décalée").
Au rang des formations "décalée"s romanes primaires, on compte les formations
(1) Noms dérivés par CONVERSION des PP (participes passés: raunar: raunadèra "grondement" ; que l'on considère comma base le radical [RAUN] ou le ladical étendu [RAU_AD_] le terminal est une coronale; roncadèra continue soit RONK] en [k] soit RONCAD] en [d], "ronflement fréquent";
(2) la série des adjectifs en edèr (PASSIVABLES romans); ces formations postverbales par conversion, peuvent être ajoutées au CONJUGUEUR (liste de de 15.000 verbes occitans); les listes occitanes gasconnes et languedociennes peuvent être établies sur requête au présent dictionnaire; les sessions de requêtes seront facilitées dès que le produit actuel aura donné lieu à sa version terminale projetée en environnement PC (2001); j'ajoute à ce bref message une discussion relative à la formation des dérivés décalés romans en -ejar (gallroman, ibéroroman etc.): ronquejadera, raunadera, sont des dérivés postverbaux obtenus par dérivation romane précoce décalée de type PRIMAIRE: RONQUIDIARE, responsable de ronquejar/ronquejaire; RUMIDIARE/RUMIGIARE/RUMICIAR: la vérification est possible à partir des dictionnaires de la latinité tardive et le DU CANGE (DC): lorsque les parlers romans ont emprunté au lexique germanique, c'est avec cette habitude implantée de la dérivation décalée romane qu'ils les ont intégrés aux séries paradigmatiques: ranc adjectif monosyllabique n'est pas une SOURCE, mais une CIBLE; il est adjectif descriptif dérivé de ranquejar/ranquejaire; ranquejatura, ranquejadura, ranquejadissa, ranquejadèra, qui ont été formé lors des échanges verbaux entre ferrants d'origine germanique et éleveurs romanisés; on ne parlera pas ici de dérivation décalée germanique, mais de copie, sur une base germanique, du moyen d'expression hérité des structures du lexique indo-européen. Le problème et la vraie difficulté résident dans l'absence ou le caractère très lacunaire de la documentation entre le III et le VIIIème. siècles; selon moi, c'est à partir du XIème s. sous la pression de la montée démographique due à l'expansion arabe, qu'en gascon, et singulièrement en gascon pyrénéen (compris aragonais et basque) que s'est implanté de manière spectaculaire le procédé de dérivation décalée de type primaire roman. Ceci demande de très minuteuses vérifications.