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SYSTÈMES GRAPHIQUES ET SYSTÈMES PHONOLOGIQUES AVEC APPLICATION SPÉCIALE AU GASCON (DICTIONNAIRES, TEXTES) par Jean-Louis Fossat
La problématique des rapports entre systèmes graphiques et systèmes phonologique s'impose, s'agissant du gascon comme de l'ensemble des dialectes de l'occitan, qu'il s'agisse des opérations de transcription de parlers localisés, d'équivalence graphique d'une suite orale transcrite, de textes historiques (Statuts, Cartulaires, Jurades, Règlements, Fors et Coutumes) ou modernes (contes, légendes, proverbes, dictons, ethnolittérature), autant que de dictionnaires (Simin Palay) ou d'atlas linguistiques (ALG). Cee problème se pose soit au plan des activités de recherche scientifique qu'au plan de l'éducation linguistique (Kinder-1985) Cela vaut pour l'ensemble des langues où se pose la question des relations d'une langue nationale unifiée et de ses dialectes; la question est cruciale pour l'Italie et sa situation linguistique (Berruto-1977, Foresti-1977, PoggiSalani-1977). Cela implique que soient distingués deux aspects des usages de la langue: son usage comme langue officielle, et ses usages parlés (Berruto-1977). USAGE OFFICIEL Le problème se pose essentiellement dans la scripta juridique de l'ancien occitan (Brunel, Grafström, DAO), de l'ancien gascon (Luchaire, Millardet à al.), de l'ancien béarnais (Fors de Béarn, Tucoo-Chala, Eygun & al.) USAGES PARLÉS Le problème se pose à nous essentiellement dès lors qu'à une transcription exigible (IPA/API), il nous est demandé de produire une transcription graphique. Dès lors se pose le problème de la normalité graphique et de sa codification. Concrètement, comment faut-il écrire les unités graphiques préalablement transcrites à partir des réalisations parlées attestées? pèrder, pèrde, pèrdre véner, véner/vendre
fogaça/fogassa agaça/agassa/agasso/agasse jorga/jonga/jourgo/era jourgo n'ac volh/vòlh pas har/her/hèr
qu'ac/at hè/hèi qu'es pès/qu'ès pèc/ On distinguera deus aspects du problème: 1° Faut-il prescrire une solution invariante, ou laisser faire? Ma position première se résume à cettte maxime: . deishè'us hèr! "laissez-les faire" Toutefois, non sans quelque contradiction, chaque fois que cela a été possible, on s'est rangé aux diverses recommandations (IEO, Bec, Lafont & al.), notamment dans le dictionnaire, base d'une analyse du lexique-grammaire; En effet, on ne peut envisager une écriture unifiée poiur un parler de St-Chély d'Apcher ou Aubrac, et un parler de Labouheyre (Grande Lande? Gascogne Maritime de Th. Lalanne (Lalanne-1950). 2° Comment faut-il prononcer les suites précédentes, sachant que toute langue à statut dialectal est organisée en sous-ensembles flous, graduels, liés à ce que l'on appelle culture, cultures, systèmes et sous-systèmes culturels, implicant des relations étroires entre formes de vie et formes de parole usuelle? nau? habas navas/navèras nèu? qué de nèu, aciu? nou? qué de nòu, ací? Il ne m'appartient pas de prescrire, compte tenu de mon métier, qui consiste à observer partout la variabilité, prise entre fluctuation et stabilité. Mon usage est polymorphe, hétéronomique et polynomique; il se plie au constat des interférences comme des usages flous; je me plie aux usages constatés dans le fil du discours, entre écrit, oralité et écrit parlé, y compris dans les zones interférentielles où sévit la "glottophagie"; autrement dit, quitte à me voir reprocher une erreur logique, voire un crime linguistique, je me plie à la réalité des pratiques graphiques hétérogènes (Sanga-1977, p. 21 entre autres). Force est de constater que, de fait, les Gascons qui pratiquent l'écriture de leur parler, se laissent décrire sur une échelle graduée de normalité en sous-ensembles de pratiques de l'écrit, quand ils écrivent leur parler. Dans les formes de l'activité pédagogique et de l'éducation linguistique, à tous les niveaux d'apprentissage, il appartient à chacun de se positionner par rapport à une hiérarchie d'objectifs, entre fluctuation, plasticité et rigidité normative. Mais dans la majorité des cas, les gens qui parlent vraiment leur patois, n'avaient jamais eu ni l'idée ni l'occasion de l'écrire, du moment qu'ils savaient écrire le français, tel que l'école frabçaise le leur avait appris. Dans les pratiques académiques, il n'y a aucun inconvénient à se livrer à des pratiques adaptatives qui tendent à appliquer, autant que faire se peut, une normalité de langue à statut dialectal qui prenne en compte l'hétérogénéité fondatrice des parlers dans les formes sociales historiques, culturelles, et le rêve d'homogénéité d'une "entité" occitane (Heilmann-1977). Cette problématique posée par rapport aux usages du gascon est universelle; comment écrire le sarde, le sicilien, quand on est italien, en 1850, ou de nos jours? Comment écrire en langue normée brésilienne, quand on parle les dialectes de l'Etat du Pará, au Brésil, ou dans la région dialectale côtière de Naples, en Italie méridionale, le castillan dans les régions rurales de Cuba? La question posée relève autant de l'analyse linguistique que des politiques linguistiques des Etats et de méthodes d'éducation linguistique. Exercice Partons de l'idée que la graphie populaire, dite fautive, est en fait audiosculptée pour facilité l'accès par l'oreille. Ecole Houeillès *** *t001 *lHoueillès *l Casteljaloux *l Lubbon *l Allons Labèts, combien en trobes? – podi pas arriba à cinc francs! n'ey troubat mey de couate, mè dempuy un moumén, bon pas m'en bailla aco! S'en trobi encouère couate francs, lous bailli! Bouy pa me lous tourna! – Iou, ey ireye de lous tourna. ***t002 *lCasteljaloux *lSaumejan *lPindères bey falé ana a la campagne préne la pouraille a cot de fesilhs! – bougres de feniants! con ats fenit bostes ores, hezets pas mey arré! Bouri bous i bése, iou, a la campagne. Se n'erets pas tan feniants, damourerets pas eyqui, en bile; anirets traballa a la campagne! *** *t003 lPindères *l Sauméjan de paille ou de hén, méns que plégni lou bénte! *** *t0044 *l Saumejan que hasèn bouches de brane *** *t005 *l Saumejan *l Pindères que pourtaben la la pouraille dou meysouet de la Grande Gubeyre aou marcat d'Alons hens grandes caouges *** *t006 Casteljaloux *l Saumejan boutgis pas mey *** *t007 Casteljaloux *l Saumejan que damourabe aou meysouet de Caplane, dou coustat de Couhin, a coustat dou pignada de Labadie, a Capbourteil. *** *t008 *lSauméjan *l Houeillès Lous de Pouchic, coum lous dou Tchin, qu'ous calè paga la rèbe dou blat, la rèbe de la pouraille, la rèbe dou noumbre de porc, la rèbe dou pouty, la rèbe de les poulardes, cade annade, aou meste, sas! e lous mestes, que's abèn hicats a dus cinquets; e que calè talla touje, e brane pou bestià, ha las tallères, ou croumpa la touge au pilot; e depica lou blat a la bèrgue; a Pindères, le Natali que talhè toute soule, a quinze ans, aou meyzouet des Técheneys! Toutun aquò qu'a chanjat; adare hen pas mé tout acò! *** *l Toulouse *d2016-10-13 Les Tibaous, la Faouretto, Cantolaouzetto *** quin ba , le bòte ? - Coum le camòte! *40 St-Vincent de Tyrosse.
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DONNEES Bourras, Jean-Gilbert, 1998, Nous, gens de la Lande, Atlantica, Biarritz, 234 p
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