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MessagePublié: 17 Mai 2021, 17:24 
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PATRiCK SAUZET OBSERVATIONS PHONOLOGIQUEs + compléments concernant la phonologie du gascon par JL FOSSAT
Jòi negre : structure syllabique et évolutions phonologiques en occitan
Pour comprendre les évolutions phonologiques et en reconstruire les étapes, les suggestions
sont tout aussi bienvenues que les contraintes. C’est, en général, la double contribution
attendue de la grammaire universelle à la linguistique historique. Bien qu’il n’y ait pas de
théorie de la syllabe incontestée (l’objet même de syllabe ne fait pas l’unanimité), les essais
de typologie fondée sur des principes de cette classe de faits fournissent stimulations et
limitations à l’analyse.
Les contraintes ou les possibilités de la structure syllabique peuvent éclairer des formes
traitées, faute de mieux, comme des emprunts ou des formes savantes. C’est le cas
typiquement pour deux formes occitanes célèbres, mais dont on montrera qu’elles ne sont pas
isolées :
- jòi < GAUDIUM qui présente une réduction « oïlique » de AU latin qui a pu être mise au
compte de l’emprunt ou de l’interférence. En fait, la monophtongaison peut être
imputée à la structure syllabique : AU latin conservé en occitan occupe deux positions
en rime. Dans les parlers où –DI- intervocalique aboutit à [j] il y a clairement
concurrence de ce [j] et de [w] pour la position coda. La monophtongaison [dZOj] est
une résolution du conflit. Des formes du type gai correspondent à une autre stratégie
de réparation (effacement). En revanche, les parlers qui traitent –DI- en affriquée n’ont
pas de réduction (gaug), sauf bien sûr s’ils présentent la réduction généralisée (catalan
goig [gOtS]).
- negre < NIGRU présente une conservation réputée savante du –g- intervocalique. On
sait qu’à côté de negre, negra l’occitan présente des formes de type nier, nièira et que
nièira est largement conservé au sens de « puce ». En toponymie, les Ròca(s) Nièira(s)
ne sont pas rares, mais on trouve plutôt des Puèg(es) Negre(s). On peut donc penser
que negre serait régulier au masculin et nièira au féminin. Au moins que cela a pu être
le cas dans une part du domaine d’oc. Si l’on pose que le développement de NIGRU à
negre passe par une étape comportant r syllabique, l’asymétrie s’explique : dans negre
< [ne.g9r] g est conservé devant r syllabique comme il peut l’être en position
intervocalique (cf. nèga < NEGAT, castiga < CASTIGAT). Au féminin, g est vocalisé
devant r. L’hétéroclise negre, nièira est ensuite résolue (pour l’adjectif) en negre,
negra, éventuellement en nièr, nièira.
D’autres exemples peuvent appuyer chacune des ces propositions. Si cette analyse peut être
retenue, elle plaide pour la cause assez largement entendue aujourd’hui de la pertinence
phonologique de la syllabe. Elle ne plaide pas pour une approche particulière de la structure
syllabique ou de ce qui en tient lieu. Toute théorie doit rendre compte de limitations pesant
sur la rime et de l’existence éventuelle de sonnantes syllabiques dans une langue.
Moins consensuellement, ce type de données plaide pour une classe d’approches où la
syllabation est construite et non donnée. Les déplacements de limite syllabique ([ni.gra]
(ni.Gra]) → [neG.ra]) et les divergences de structure syllabique entre formes apparentées
([ne.Gr] / [neG.ra] ou trivialement en occ. mod. car, cara (ou moins trivialement occ.mod.
cev. [dew.r'O] [der.j'E], deurà, deuriá) s’éclairent bien plus naturellement si (quelle que soit
la saillance perceptive des structures syllabiques), la syllabation reste induite de la substance
segmentale.
Les sonnantes syllabiques, si elles peuvent fonctionner comme des voyelles (c'est-à-dire
déterminer de l’intervocalicité) dans une étape diachronique, ne sont pas des effets
superficiels mais l’indice que le statut de noyau n’est pas donné selon une partition
substantielle préétablie, mais construit.
Plutôt que de ne voir dans la syllabicité des sonnantes qu’un effet superficiel (réduction d’une
séquence schwa + sonnante par exemple), on pourra poser, à l’inverse, que dans une
synchronie qui ignore les sonnantes syllabiques, il peut être pertinent de poser leur existence à
un niveau plus abstrait. En posant /r/ syllabique en occitan, on peut rendre compte assez
élégamment de la morphologie de l’infinitif :
kanta + r → kan.t'ar → [kant'a] cantar
bat + r → b'a.t9r → [b'atre] batre
najs + r → naj.s9r → naj.ser → [naj.se] nàisser
On peut aussi dans cette perspective décrire la variation dialectale dans la formation de
l’infinitif en occitan :
- dire / díser
- plòure / plàver
- batre / bàter
Par la même hypothèse, on explique que les séquences Obstruente+Liquide finales sont
toujours traitées par épenthèse et non par troncation en occitan.
On décrit aussi plus naturellement l’interaction d’-r d’infinitif avec les consonnes latentes en
français, où /r/ d’infinitif produit le même effet que /ê/:
- /ba<t>/ → [ba] « bats ! »
- /ba<t><s>/ → [ba] « tu bats ! »
- /ba<t><r>/ [bat] ~ [batr] « battre »
- /ba<t><ê>/ [bat] « battre »
Si l’on pose que des sonnantes syllabiques ont pu exister dans une phase de développement du
galloroman et qu’elles jouent encore un rôle dans la syllabation abstraite des variétés
galloromanes, on suppose une plasticité de statut syllabique qui aurait dû valoir aussi pour les
vocoïdes hautes. De fait, cette plasticité peut expliquer des formes comme òrdi, òli ou les
variantes –ari de –ARIUS rencontrées en occitan.
Mais cette plasticité ne s’applique pas à GAUDIUM, et on n’a pas d’attestation de *gavi ou
*javi à côté de gai et jòi. Tout se passe comme si AU latin avait perdu sa capacité à former un
noyau, sans pour autant que son second élément puisse d’emblée former une attaque. On peut
comparer ce statut (par lequel U lexical doit être effacé ou incorporé au noyau s’il n’est pas
réalisé en coda) aux alternances – ièr, ièira [jEjrO] en occitan moderne où la réalisation de la
semi-voyelle postnucléaire est conditionnée par la disponibilité d’une position de coda. Si
cette analyse est correcte, elle atteste diachroniquement des configurations où la projection
linéaire des formes sous-jacente n’est pas triviale. Elle plaide donc pour l’existence et la
définition d’un état abstrait du contenu phonique des morphèmes moins organisé qu’un état
syllabé ou présyllabé (linéarisé), sans être amorphe pour autant.


Notes JL Fossat au 17 mai 2021-05-17

1° variableGR en gascon: destruction de /r./
2° variable de lablialisation en gascon landais: bloc térritorial GRANDE-LANDE E MARENSIN
solution /œ/
solution/y/
3 solutions gasconnes du traitement de_ariu: destruction de /j/; tous morphèmes en ariu/-aria
VOIR l'application DICTIONNAIRES sur sites ERCVOX.free.fr et occiton.free.fr
4° répon,dait gascon et aragonais de joi; goi : rejet de toute si=olution palatale en attaque: que'm hèi gòi de'vs ac arredíser


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