ATLAS SYNTAXIQUE ET PROSODIQUE DE L'OCCITAN PARLÉ
Jean Séguy ALG6 1973
Base numérique de savoirs
(Aquitaine, Midi-Pyrénées/Occitanie)
par
Jean Louis Fossat, A. Meqqori et Joseph Rauzy
Sant-Simon 24 camin de Cantalauseta, lo 19 de març, a la Sant Josèp
A En Josep Rauzi, de Rosaudis (Auzat amont L’artiga e Benasc), darrèr de cordada, a’ra seva mairr de Cibèla, ath seu pair et Jan-Maria de Rosaudis, e a’ra seva familha sarrada
PROGRAMME
Tornar escotar Estrémé, Rouzeau de Rosaudis, Marc Culouscou e tantes autes.
Se james lo meu vesin tan aimat, - lo praube ! s’en sorteish, d’aquera mala passa, - putassariá de malware, -el, le maçon de pèiras e maçon de paraula occitana, qui non crenh arres sonque Diu, le perigle e la mort subita - oèi, jo, Luis, san de còr e d’esperit, qu’ai pres l’engatjament de'vs ajudar a descriure pas a pas, dap eth - damb’el, las organisacions, las constructions prosodicas e sintacticas qui gobernan las accions de paraula occitana viva.
Cossí fasem, l’un e l’aut, l’un dab l’aute, enta poder presentar las causas, coma son vertadierament costruidas dins la realitat ?
1° On fragmente une suite sonore en syntagmes
2° le fragment est annoté par "le dialectologue géolinguiste" par recours à un système de clés de requête.
L'association de clés de requête à une base de données sonores numérisées des séquences [clise négative, non pronominale, trace de Pr représentant 2 fonction argumentale Sujet : nil)] a été généralisée dans le directoire SON du des sites ercvox.free.fr et occiton.free.fr
En voici un exemple type, très semblable aux données de traduction du français à l'occitan, dans le dispositif des atlas linguistiques fondés sur données sonores enregistrées et numérisées:
L. : A tu, Josèp, pusqu’es pas briga diglossic : nous ne voulons pas ?
Josèp : Volem pas .
L. A tu, Josèp : nous ne Le_neutre voulons pas :
J : ac volem pas [proclise pronominale et enclise négative]
L. A tu, Josèp : Nous ne voulons pas le faire ?
J : Ac volem poi fèr. [proclise syllabique et enclise NEG]
Ainsi, pas à pas, jusqu'à 250, ..., n suites, séquences ou chaînes, se construit un atlas occitan prosodique et syntaxique, à l’abri de pseudo-théories, de modèles inadéquats : ALG6_sonore numérique 1973_2021 atlas de savoirs morphosyntaxiques et prosodiques. Ainsi vont les choses, avec du travail, - beaucoup de travail, conduit en opération artisanale de caractère exploratoire, à deux personnes, corps et âme, qui ne font qu’un en logique de fina amor (Flamenca).
Surtout on ne part jamais sur le terrain sans un nombre minimal d’hypothèses sur les principes d’ordre qui régissent les ordres langagiers : ainsi, toute sa vie durant, Jean Séguy apprenait à ses élèves à explorer la question de l’ordre des pronoms dans la phrase, à partir des cas picards, bourguignons, anglo-normands que le hasard de programmes académiques de formation le contraignaient à traiter, avant même d’aborder la question occitane, pour lui cruciale.
Et ici, de grâce, qu'on ne vienne pas me chatouiller les moustaches, avec des questions de terminologie, d’identitarisme (occitan, gascon, patoiseries) ; en 2021 je n’ai plus une minute à perdre : je suis mes routes, et ce que je suis se ramène à mes actions, réelles, possibles, envisagées ou abouties.
Il existe non un ordre, mais des ordres, des principes d’ordre, qui régissent et contraignent les états dialectaux, de toutes les langues du monde (langues dites naturelles) ; nous sommes en présence d’ordres linéaires contraints. Nous nous engageons à décrire ces ordres, en produisant les données primaires, en même temps que leurs conditions d’analyse, et notamment, mais non exclusivement, par recours à des méthodes d’analyse régionale de données sonores annotées.
Voilà l’engagement net que prirent dans les années 60 Jean Séguy, Jacques Allières, Xavier Ravier , nos prédécesseurs, et voilà le premier résultat visible, montré par étapes (1973, 1988, 2009, 2021), de résultats (nous ne dirons jamais « des ») de cette opération conduite de manière exemplaire, exécutée de manière exemplaire déjà à partir de données gasconnes ou languedociennes recueillies par Xavier Ravier, une première fois en Gascogne et Béarn, Bigorre, Lomagne ; une seconde fois en plein Languedoc, bien avant l’Auvergne, mais aux portes de l’Auvergne, aux portes de l’occitan alpin.
Nous sommes ainsi encore engagés à la poursuite d’une opération descriptive des éléments qui « structurent » (Troubetzkoy, Martinet, Weinreich, Labov, Clements, Hayes etc.) les grammaires de propriétés des états dialectaux de l’occitan.
Relisant alors les analyses de Patrick Sauzet (Sauzet 1996 Langue Française 1996 111 pp. 10-37 Ordre des mots et ordre dans les mots), on se prend à penser que ces types d’analyses, qui constituent le socle sur la base de quoi nous pouvons travailler, faire travailler des variables, établir des grammaires de propriétés (Milner, Cornulier 1980, 1981, 1982), apprendre la/les langue(s) et les faire apprendre; ces méthodes facilitent ou non, selon le cas, le nécessaire dialogue entre le dialectologue linguiste, le linguiste - on entend par là le linguiste des généralisations, des étapes théoriques, comparatiste, généralisant en un mot, sur la base des données empiriques, et ceux qui ont charge l'éducation linguistique des gens, soit en dehors de l'école, soit l'école, de la maternelle à l'Université. Voilà ce que j’ai à peine commencé à comprendre, dans les années 90, à Genève, autour de philologues ( Jensen), de linguistes (Patrick Sauzet, Kayne soi-même), et surtout quelques jeunes dialectologues du domaine italo-roman (états piémontais, vénètes, lucano, vallées occitanes vaudoises etc.)
POINT 1 : la documentation cartographique.
On accède ici aux témoignages cruciaux qui permettent de mieux cerner ce qu'on appelle territoire social langagier.
il s'agit de se saisir de ces cartes de données primaires gasconnes établies après un titanesque travail de transcription par Jean Séguy , puis, dans la successivité des opérations, de données regroupées , dans un projet qui n’en finit pas de commencer à se structurer dès les années 80, dans les épreuves, pour entrer dans ce dédale de cartes, il faut un fil d'Ariane, comme pour tout labyrinthe.; c'est le mérite des équipes du Thesaurus occitan, d'avoir ouvert cette route, voici bientôt ^près de 50 ans.
Digression : un peu de polémique, histoire d’entretenir l’amitié : la question est une question de TEMPS et de COUTS : et QUI va effectuer ce travail gigantesque de regroupement des fichiers sonores annotés et soumis à analyse? Tout le reste est bla-bla, inutile et incertain ? ça servira à quoi ? A rien d’autre qu’à lever certaines peurs, certaines angoisses, mal partagées, de voir se perdre ce fabuleux savoir de parole organisée pour une des 3000 langues du monde, de voir se perdre les états dialectaux de ces langues ; aux blablateries identitaristes , on substitue le travail assidu de quelques ouvriers armés de méthodes de reconnaissance de la parole.
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POINT 2 : Vous allez alors vous saisir des DONNEES SONORES, d’abord des données concernant les états dialectaux gascons et languedociens, séparés ou non : ie des pièces de la banque numérique des savoirs – on ne dira plus jamais base de connaissances, à la légère. Alors, oubliez tout, sauf Cornullier, Meschonnic, Manciet : écoutez, transcrivez, annotez, vérifier avec Booij, Boersma, Clements, Hayes : surtout ne vous limitez pas à un ATLAS SONORE de spectacle, réalisé sur « site » dans une perspective de "googelisation" des esprits les mieux formés : ça ne sert à rien, de donner à entendre, hors opération conduite de vérification expérimentale (Contini, Lay, Carpitelli, Boersma) ; on s'arme alors de l’outillage recommandé par les meilleurs des experts: PRAAT, voire WINPITCH ; on apprend alors à tracer les courbes des groupes intonatifs, avec Lay, Contini et tant d’autres. En voilà assez pour le point 2. Le socle est alors posé. Vous allez pouvoir poursuivre la construction, pas à pas. Jamais en mettant la charrue devant les bœufs.
POINT 3 alors seulement : commencez par faire ce qu’a dit de faire (ordonné) le grand prédécesseur, en avertissement à la lecture des cartes de son atlas syntaxique : saisissez-vous de la description sténographique e des 68 variables syntaxiques et prosodiques sélectionnées pour construire des connaissances organisées, ordonnées, à partir de son atlas syntaxique (ALG6 1973). Vous vous saisissez alors :
1° de la sténographie (numérisée) puis, - après lecture attentive de la sténographie :
2° la table de données numérisée et dûment vérifiée (appelée par lui matrice, tableau de données phonétiques de dimensions fixes : J 68 items ou objets et n 150, 155, … CAS (lieux/informateurs), pour n cas locaux représentés par leurs fichiers de données transcrites : 1, 2, …, n SUITES OU SEQUENCES ordonnées linéairement, sont alors descriptibles en ordre linéarisé, avec détermination de boucles itératives à mettre en évidence (Pottier 1969).
3° A partir de là vous avez deux options : le chemin le plus court et la route la plus longue.
- Le chemin le plus court consiste tout bêtement à prendre des crayons de couleur et à cartographier les données des J 68 colonnes soigneusement vérifiées ; surtout pour les colonnes dont le nombre de propriétés dépasse le chiffre de 2 (X>2). Alors vous comparerez avec les cartes données d’entrée. (Casanova et Fossat 2001, 3 volumes de cartes distributionnelles VERBE, PHONOLOGIE, PHONETIQUE). Jean-Louis Massoure vous a déjà montré quelques unes de ces cartes distributionnelles, hors analyse classificatoire des états dialectaux, il est vrai.
- le chemin le plus long, avec des méthodes de calcul de voisinage, de proximité : vous commencerez, dans un environnement d’analyse exploratoire (graphes de voisinage, etc.), avec des méthodes d’analyse régionale des données, expérimentées par Denis Philips (Philips 1985), Hans Goebl, Gotzon Aurrekoetxea, L. Jagueneau et bien d’autres, moi-même avec Marc Peytavi, Z. Sandouk, les frères Razky, les frères Hamerlain, mes compagnons de route Mounir Kriaa et M. Zehanna, Hilali etc… Certes la route est longue, périlleuse ; existent des risques de fourvoiement ; c’est la route des arbres syntaxiques et des arbres prosodiques de calcul des proximités ; ne partez pas surtout sans guide, ne partez pas seul, linguistes ou dialectologues isolés. Au terme, vous aurez découvert certaines petites choses sur les contraintes qui régissent les ordres, des petits riens, qui, précisément, sans le dieu des petits riens, construisent, sans nous, les grammaires de propriétés, dont vous aurez découvert certaines propriétés de densité. Alors, sur cette route, avec les mêmes instruments, construisez, dans un certain ordre, avec les arbres de Kohonen, les cartes de Kohonen. Ne déléguez à personne d’autre le soin de faire ces cartes de Kohonen, et surtout de les interpréter.
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POINT 4 : L’heure de la théorisation, de la modélisation.
Alors, après les étapes précédentes, vous aurez le choix : soit en venir à l’interprétation, dans le cadre théorique de votre choix. Le mien est connu : route prosodique, route des arbres prosodiques, corrélés aux organisations syntaxiques.
Ou bien, alors, vous aurez appris que le plus important est la capacité de mieux lire, de mieux prononcer, de mieux comprendre, de mieux savoir parler, en jouant à la fois de la plasticité et de la relative fixité des états dialectaux variables que vous aurez appris à explorer.
Bon courage, amis de partout, surtout des vallées piémontaises du Piémont, des vallées de Lescun, de Béarn, de Bigorre, du Pays basque, de la Catalogne, de l’Andorre, Lavedan, Chalosse, Haute-Auvergne, Monts du Lyonnais et Haut Forez auw confins de la Limagne, Haut-Velay, Haut-Aragon, Asturies, Galice, Cabo Verdu, Mayotte, Hyenghène, Ankara, Sardaigne, Corse, Bretagne, Birmanie et Pakistan, Irtan et Irak, pays touareg, Kabylie, etc..
J’ai ainsi précisé le dispositif global dans le cadre duquel le travail organisé est possible. Vous pouvez rechercher s’il existe des solutions alternatives, et le démontrer. Il nous restera alors à disparaître. L’essentiel est que soient là, accessibles, accédées, les données à manipuler ; l’archive numérique des savoirs des mémoires de laboratoire , du laboratoire NALF, ALG, opération conduite en mode exploratoire, à quoi s'ajoutent les corpus-paroles constitués par les équipes du Centre de Linguistique et de dialectologie de 1970 à 2000.
Si vous voulez entrer dans ce dispositif, ne partez pas sans guide ; laissez-vous guider par la pensée de Jean Séguy : fouillez l’archive numérisée BNS_ALG (banque Numérique des savoirs : ALG Jean SEGUY). Nous sommes actuellement trois, à avoir construit cette banque numérique de savoirs, dans un cadre associatif ERCVOX : A. Meqqori et moi-même, signataire de cet avertissement, M. Casanova (UTM, UMS838 et MSH), après le départ prématuré de Marc Peytavi..
C’est peu, certes, au regard du travail de recoupement titanesque qui s’opère dans le cadre du TESOC (Universités de Nice, Aix, Toulouse, Pau, Bordeaux, Lyon, St-Etienne, Clermont, Limoges, Turin, Lleida).
Merci de ne jamais oublier une seule de ces composantes majeures, - et j’en passe ; et malheur à une entreprise de cette envergure qui n’ouvrirait pas les fenêtres sur ce qu’on réellement dit Josèp, les siens, Adrien, Marcel, qui n’ont pas dit sur leur langue et dans leur langue n’importe quoi, tant ils savaient parler la langue qu'ils nous ont apprise.
Alors peut-être, on vous aura donné envie d’aller fouiller ces « réservoirs » fabuleux de savoirs et savoir faire, par exemple pour savoir ce qu’est un système verbal, ce que reconnaît le verbe à sa droite, à sa gauche, pour telle langue, pour tel groupement de langues parlées ici et là. Et ce ne sera là que le point de départ de la compréhension des savoirs, de quelque ordre qu'ils soient.
Bibliographie
J.L. Fossat et A. Meqqori.- Démo Powerpoint LYON 2 mars 2009 : L’ordre des mots et l’ordre dans les chaînes : MS3PR (atlas morphosyntaxique du gascon ALG6 in Mémoires de terrain, Université Jean Moulin 2099, pp. 189-239.
J.-L. Fossat (UTM, CLLE-erss) Texte de présentation préalable à la discussion
Banques numériques de savoirs
TESAURUS OCCITAN (TESOC 2009)
ERCVOX 2009 Fonds sonore numérique ALG Jean Séguy: extraits (J.L. Fossat dir. 1970-2021) sur site occiton.free.fr, Directoire SON
ERCVOX 2009 : Fonds sonores numériques OLR FRA et OLR de CLID, CORPUS_PAROLE, CLID-ERSS (tranche 1, sous la direction de J.-L. Fossat) sur site occiton.free.fr
J.L.Fossat et Joseph Rauzy (2009) : Sur les routes des òrris du Picou et Roumazet au port de Rat; les ports fromagers d’Aragon, du Piémont d’Andorre et de Siguer ( ms. inédit communiqué au recteur Chevalier).
Bruno Besche-Commenge.- Le savoir des bergers de Casabède (corpus du Couserans)
Bruno Besche-Commenge. La création du Bur (ms. encore inédit, 2021)
Daniel Gonzalez._ L'occitan parlat jos terra (corpus de Carmaux): extraits de corpus parole transcrits, annotés visibles sur site
occiton@free.fr