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MessagePublié: 13 Fév 2017, 16:50 
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Du travail cartographique à l'analyse géolinguistique.
Lalanne-1950 La Gascogne maritime
par
Jean_Louis Fossat
Cercle linguistique de St-Simon
La question qui est ici posée est celle des méthodes de recueil de données exactes, d'analyse des données dialectales dans les années 50 du 20ème siècle, en rapport avec les modes de raisonnement de la variabilité spatiale et temporelle des langues à statut dialectal.
Jacques Allières (Allières 1954) signalait en notes 4 et 7 de son étude du polymorphisme de S implosif en gascon oriental l'étude de Th_Lalanne publiée sous le titre L'indépendance des aires en Gascogne maritime, mais ne faisait mention ni des carnets, ni des trois volumes de cartes qui constituaient en 1950 l'Atlas Linguistique de la Gascogne maritime; il ne faisait aucune mention ni des carnets d'enquêtes de Lalanne (enquête préalable à l'ALG (Lalanne-1943), ni des carnets d'enquêtes ALG en Gascogne Maritime de Lalanne 1950, ni du volume des cartes-couleur grand format de l'Atlas Linguistique de la Gascogne Maritimes; l'ensemble de cette documentation, actuellement numérisé est rendu accessible sur site occiton.fr; l'ensemble de cette documentation constituait, à l'Institut d'Etudes Méridionale de la Faculté des Lettres de Toulouse, 56 due du Taur, le fonds Lalanne, partie intégrante du fonds Séguy/NALF/ALG/Atlas Linguistique et ethnographique de la Gascogne (6 volumes), construit de 1950 à 1971 sous la direction de Jean Séguy.
D'emblée, il est important de reconnaître que Th. Lalanne, dès 1944 est le prédécesseur des méthodes de représentation cartographique de la variabilité du gascon, et en même temps le prédécesseur des méthodes de dialectométrie du gascon, développées dans les années 1970 par Jean Séguy, avec les moyens rudimentaires dont disposaient les explorateurs courageux à cette époque, sans tableur EXCEL, ni logiciels d'analyse exploratoire des tables de données.
Le dialecte, de quelque langue qu'il s'agisse, apparaît à l'analyste comme une véritable "pâte à modeler", selon la formule de Laurent Olivier, pour peu que l'on accepte de bousculer quelque peu, voire de fond en comble le concept d'isoligne/isoglosse des dialectologues de la tradition.
Certes, il est possible à partir de cartes distributionnelles, de calculer et représenter des classes, sous-ensembles: mais il est apparu qu'on peut sans cesse recomposer les classes en faisant varier les méthodes, afin d'y trouver autre chose et afin de mieux comprendre; pour mieux expliquer le comment sinon le pourquoi des états de choses dialectaux persistants.
La représentation du fractionnement en sous-groupes gradués ou flous peut se lire en tant que carte des résultats lexicaux localisés; mais en même temps en tant que carte distributionnelle de variables en relation de covariance sur une séquence phonétique ou phonologique. Un simple exemple illustre avec netteté, clarté et simplicité l'apport considérable aux méthodes et techniques de visualisation de la variation territoriale; et a, à nos yeux valeur de prototype de tout essai de modélisation de la variabilité dialectale. Il suffira par ailleurs qu'une relation simple de construction s'établisse entre eslambrec/eslambrequejar/enslombric/eslombriquejar, tout en mettant à jour le dictionnaire des variantes nouvelles, qu'on appellera désormais variables; un tel dictionnaire se met à jour à mesure que se mettent en place les tests en logique d'expérimentation exploratoire, que nous appellerons désormais analyse exploratoire des données; ces méthodes sont entièrement manuelles dans les années 50 du 20ième siècle; on sait qu'à présent, ces méthodes-là ont largement bénéficié de l'automatisation des procédures dans les laboratoires voués à l'analyse des données, et, entre autres, des données linguistiques, formes sonores nettement localisées et identifiées du langage.
FIG1
Cette première représentation de la variabilité phonétique sur une chaîne lexicale peut à présent, en cartographie de synthèse, donner lieu, à partir de décomptes, à une représentation cartographique de toutes les variables phonétiques et phonologiques déclarées sur les unités de stockage transcrite; dans les années 50, l'idée révolutionnaire de créer une archive numérisable de la parole commençait à peine à se mettre en place, dans un contexte intellectuel très résistant à l'innovation.
Ces premiers essais de TH Lalanne étaient précédés de tests de représentation de la variation par graphes colorés, bien avant la reconnaissance de la sémiologie graphique de Jacques Bertin en Sciences humaines et sociales; la figure qui suit répond à de type d'exigence méthodologique
FIG2
Jean Séguy (Séguy 1953) n'avait pas procédé autrement dans son pêtit atlas lexical des noms dee plantes dans les Pyrénées Centrales, comme le montre le diaporama lexical visible sur site occiton.fr.
On veut ici, à présent, présenter avec simplicité le travail cartographique admirable effectué par l'abbé TH. Lalanne à St-Vincent de Paul, au terme d'une enquête minutieuse et rigoureuse effectuée en Gascogne Maritime par l'abbé, et son réseau d'ecclésiastiques, dans les années 50 du 20ème siècle, pour le compte de l'Atlas Linguistique et ethnographique de la Gascogne (ALG6, Séguy-1955-1973).
Les données qui suivent sont extraites du fonds d'Archives de l'Institut d'Etudes Méridionales (Faculté des Lettres et Sciences Humaines de la rue Albert Lautmann), déposées dans l'archive du Fonds Jean Séguy (e_publications 2016/2017 sur site occiton.free.fr).
J'ai choisi ici un lot admirable de cartes synthétiques ou cumulatives qui représentent les caractéristiques phonétiques et morphologiques de ce territoire, à partir d'une base de données de près de 2973 données de stocgage et 1000 cartes analytiques, dont 3 volumes de cartes-couleur qui ont quelque peu vieilli et croupi dans les greniers entre 1970 et 1973, puis de 1973 à 2016. Ces images ont été dessinées par Th. Lalanne lui-même à partir de 47 carnets d'enquête minutieuse en Gascogne maritime, pour 49 localités d'Aquitaine, réparties en sous-ensembles gradués.
Le mal est réparé puisque, à présent, l'essentiel de la base_carnets et de la base_cartes est accessible en mode e-publications, sur site occiton.free.fr. depuis octobre 2016 avec mise à jour de la base initiale (Fossat-décembre 2016 base Lalanne-1950 (2971 blocs_texte-image) base1 carnets (séries 1, 2, 3, 4). base 2 cartes (trois livrets de cartes polychromes scannés et analysés; cartes lexicales; cartographie des oppositions phonétiques, morphologiques; cartes distributionnelles de variables structurales déclarées).
Le moteur de recherche élaboré et mis au point par A. Meqqori, permet une première étape de traitement sur index des variables accédées par index de mots_clés.
1. Présentation de la base_cartes Lalanne-1950
On commencera par présenter des échantillons représentatif du travail dialectométrique de Lalanne-1950 fondé sur le calcul des oppositions phonétiques/phonologiques et morphologiques
1.1 Variable Consonantisme_coronalité/palatalité/voisement/Z/3/
FIG3
FIG4
FIG5
FIG6
FIG7
FIG8
FIG9
1.1 Variable Consonantisme_coronalité/palatalité/voizement/Z/3/
1.2 Variable_latéralité/vibrante/L/R/
1.3 Variable vocalisme atone_ia solution/i/
1.4 Variable Groupes combinés /DR/D/ & /TR/T/réduction
1.5 Variable phonétique/phonologique/F/H/0_attaque
1.6 Variable phonétique/phonologique/ND/N/réduction/
1.7 Variable phonologique/emprnts au français/R/RT/Rschwa
1.8 Variable phonétique/palatalité/voisement/stridence/palatalité/D/Z/
1.9 Variable morphologique: marquage de pluralité SMPLUR
Le marquage de la pluralité est masqué par la déperdition des marques de pluralité , caractéristique de la zone de transition gascon.gavacheries de Saintonge et Entre-deux-Mers (liaison, hiatus, résolution d'hiatus/surmarquage); deux hommes; deux chapeaux; deux mois.
1.10 Marquage morphologique du syntagme nominal FPLUR: il y en a deux: deux femmes; deux abeilles; deux poules
On renvoie à la représentation du syntagme nominal féminin singulier: il y en a une: une femme, une abeille; une poule
2 Premiers éléments d'analyse de la base_cartes
Aucune classification, donc aucune représentation des organisations territoriales du gascon ne peut faire l'économie de tables de variables et des cartes distributionnelles qui en donnent une représentation variable par variable, paramètre par paramètre de variabilité.
La base de données documente de manière explicite les façons de calculer variabilité, distance, proximité; ordre gradient.
C'est à partir de la connaissance distributionnelle qu'a été rendue possible une classsification des données traitées en mode d'analyse exploratoire sous EDA (Horber, Peytavi, Zafar, groupe Image, Sandouk). Mais les prédécesseurs, courageux, de 1950 à 1970, ne disposaient ni de tableurs, ni de logiciels de base de données relationnelles, et encore moins de logiciels d'analyse exploratoire au service de l'analyse typologique.
Lalanne-1950 avait marqué par séparateurs coloriés les zones territoriales, qui correspondaient, selon son expérience d'enquêteur, à ses méthodes de calcul des similarités et dissemblances (différences) entre groupes et sous-groupes discriminés; les oppositions, phonétiques, phonologiques, morphologiques, syntaxiques et lexicales sont représentées en termes de pourcentages calculés sur des échantillons de données supérieur à 100 et inférieur à 1000, avec calcul des oppositions enttre localités ou entre zones fondé sur des index de variables, que nous appelons dictionnaires de variables.
Telle est la clé de représentation des groupes, sous-groupes, sous-ensembles gra duels, autrement dit des sous-ensembles flous d'une langue à statut dialectal, ici le gascon, dans le domaine occitan, à sa bordure atlantique, et en relation avec ses pourtours.

Tel est le sens que nous donnons en conclusion, à notre étude préalable de l'ordre qui préside à la reconnaissance de sous-ensembles flous de l'occitan aquitanique, qui porte le nom de gascon en Gascogne.
Jamais ces résultats n'auraient été obtenus et validés sans l'immense travail mauel de décompte des variables , sans l'élaboration de tables de variabilité (Séguy-1973 ALG6, précédé en cela par Lalanne-1950.
Pour une vue d'ensemble, on renvoie à la base_cartes/Lalanne-1950, à présent accessible à tout public sur site occiton.free.fr., ainsi qu'à la base carnets/Lalanne-1950 accessible à tout public.
Au vu de ces données, confrontées aux données globales de l'ALG, on ne saurait en aucun cas souscrire aux assertions ascientifiques qui, hors analyse, présentent le gascon (langue aquitanique soit comme un "dialecte atypique de la langue occitane" de la Provincia Narbonensis, "plus éloigné des dialectes occitans que ne l'est la langue catalane" (Deltour-2005, 31), soit comme une langue, qui serait distincte de l'occitan de la Narbonnaise.
Dans la zone considérée, zone tampon entre Guyenne et Gascogne, s'affrontent gascon septentrional et haut languedocien, périgourdin, parlers de la Charente limousine, parlers d'oïl de l'Aunis et de la Saintonge; cette zone constitue un entredeux que Lalanne appelait gavacherie, pays des gavachs ou gavaches; cette situation est responsable des phénomènes morphonologiques qui exigent une analyse approfondie ainsi qu'un approfondissement des méthodes de calcul des proximité et distances inter-classes.
On pourrait penser qu'à se cantonner au cas landais, central dans le fameux triangle d'inculture, on se cantonne à loisir dans un petit jardinet, par commodité; autre jardinet, le jardin gavache, opposé au gascon maritime; on se rendra compte en fait que les conclusions tirées à partir d'un petit monde dialectal plein, sont extensibles à la totalité des organisations des langues du monde à statut dialectal; et cela vaut non seulement pour l'hexagone français, mais à échelle européenne, voire mondiale.
De même l'effondrement partiel constaté et mesurable du lexique dialectal, travaillé par la néologie, offre des données précieuses au calcul des oppositions relevant d'une analyse des faits de polynomie constatés dans l'hexagone, tant pour la France d'oïl que pour la France d'oc.
Dans le domaine de l'analyse des oppositions lexicales, phonétiques et morphologiques, les hypothèses de Th. Lalanne (1950), formulées à la croisée des modèles diachroniques, comparatifs et contrastifs, ont été validées 20 après (Séguy-2971, Guiter-1971) ainsi que par les résultats des méthodes de classification conduites en analyse exploratoire des données.

NB nous vous renvoyons à
carnets Lalanne sur site occiton.fr (iconographie)
cartes Lalanne sur site occiton.fr (iconographie)
album Lalanne sur site occiton.fr (iconographie)
Pour les cartes associées à ce message voir les messages GEOLINGUISTIQUE du site occiton.fr


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