OBJECTIFS DE L'OPÉRATION « LA TESAUCA » On vise, essentiellement, à constituer une nouvelle anthologie sonore numérisée contemporaine pour le programme d'enquêtes à conduire en Grande-Lande avec M. et Mme. Fenié, P. Mora, Ph. Lartigue, J.-L. Fossat etc. et les institutrices des calendretas de la Grande-Lande, avec la contribution des ethnographes de l'écomusée de Marquèze, de l'écomusée de Chalosse (Montfort 40): apprendre, c'est échanger des expériences et ce n'est que cela, ce n'est pas raisonner et résonner chacun dans son bocal monodisciplinaire, - qui dans son Univers à règles, à tables de data, qui dans son Univers statistique, dans un Univers de mesures, d’étalonnage, qui dans son Univers de technologies de la numérisation (instruments, tools, cimetières de données électroniques). On ne construit alors que des mondes en compétition, en singeant la compétition économique qui règne dans les Univers de l'Intelligence économique: à ce jeu nous sommes d'office des perdants, non des gagnants (winners !), condamnés à tomber, même si nous ne le savons pas encore: todos caeran... : voilà ce que nous avons enfin commencé à comprendre, très modestement, avec des prédécesseurs illustres.
TEXTES SONORES TRANSCRITS ET ANNOTÉS. Commençons donc modestement, à l'aide d'un outil de type X_plor (PRAAT) à explorer la matière sonore même, localisée à une échelle donnée (les échelles sot classées de de 1 à 7). Ce texte sonore - parfois appelé par certains ethnotexte, dans la tradition dialectale et ethnographique, est utilisé selon le principe de l'anthologie sonore, pour représenter le parler local de Labouheyre, par rapport au parler englobant normé dit parler représentatif de la Grande-Lande [GL] (lo Haut-Lana); ce texte phonétique, une fois révisé, une fois stabilisé, est indexé comme l'est chaque exemple textuel inséré au dictionnaire; il arrive au dictionnaire de prononciation d'esquisser des aires distributionnelles (allophones, allomorphes, différenciation lexicale) de manière explicite et relativement interprétable d'un poiint de vue géolinguistique (Labouheyre vs. Sabres vs. groupe Belin, Beliet, Hostens, Le Muret [non des Landes] (ansa; aulha; balejar; boha; bohon; tapoèira; boshèr, boshar, hauguèira / hèus, huutz etc.); mais le plus souvent la spécification des données locales dans les dictionnaires traditionnels est restée extrêmement lacunaire, vague : le plus souvent, il s’agit d’une affectation locale « à la louche », grossière. La base de textes phonétiques notés en API associés aux entrées du dictionnaire DPG40 sera utilisée à des fins d'analyse morphonologique (traitement phonotactique du schwa, incidences en morphologie nominale, morphosyntaxe pronominale; traitement des glissantes [deslizamiento]: haria, harina; de la labialisation vocalique des voyelles antérieures moyennes fermées ; accommodation consonantique et vocalique, umlaut, dilation; métathèse (vasherèr) etc).
OBJETS Les objets auxquels peut légitimement s'intéresser le linguiste lexicographe sont 1° des objets référentiels cernés avec un certain degré de « granularité », en rapport avec des objets concrets (dans un cycle de généralisation par actions concrètes) définis en termes d'ontologies de domaines (dictionnaire idéologique, expression idiomatique) pour des configurations territoriales appelées aires lexicales d’un point de vue spatial, en géolinguistique lexicale ( bossaca/sobiu) 2° des objets définis par leurs caractéristiques et propriétés structurales : ce sont des propriétés de système langagier [LINGUA], définis avec un certain "degré de granularité" par l'analyse phonétique, phonologique, morphologique, syntaxique, lexicale (au sens morphonologique du terme) 3° des objets définis en termes de configurations spatiales, territoriales (boshèr; bohèira, tapoèira etc.), par évaluation subjective ou objective des distances internes ou externes: c'est alors l'approche territoriale qui prédomine (l'entredeux des relations entre les diverses communautés liées, reliées de la GL, relations de passage, passerie avec les voisins béarnais ou basques, définies en rapport avec une approche géographique fine des parcours pastoraux, des circuits de négoce (circuits des mules, mulatèrs, par exemple, dans un milieu forestier). Il convient de dire un mot de la densité des phénomènes de phonologie lexicale et post-lexicale, qui, en aréologie interne, fractionnent une unité étendue GL en aires de phonologie post-lexicale: si [Œ] défnit la grande aire GL en termes de distances de système à système, à l'intérieur du système [Œ] défini sur l'aire gasconne, jouent des variations de phonologie postlexicale, en termes de variation plus ou moins "libre": ainsi cementèri (1) +[n] NORD (Saugnac-et-Muret, Le Barp, Hostenx) (2) -[n] Ychoux; ces variantes jouent comme des faits de distance lexicale : sagrat/ceme(n)tèri. De même CENT [nt]/[n] en liaison interne, donnés comme obéissant à des règles "assez bizarres" [DIC,214 FA]; on pourrait de même considérer comme faits de phonologie postlexicale les faits de troncation en rapport avec l'extramétricité de [a]- initial, "mauvaise attaque" devant attaque consonantique (réparation) : ascension [as¶œnsj'¶uù] / [ []s¶œnsj'¶uù ]; agrièera ==> gr'Ejrê "agrier": en revanche, SCHWA terminal derrière [r] interdit par le SYSTEME [ le bonheur(e) est une chose fragile ; l’ours(e) est … ], peut très bien se comporter comme une variable de système ( phonologie des emprunts au français du 17ème siècle: volure : chicanure/-urt); mais la phonologie des emprunts en morphonologie non concaténative (troncation) pose d'autres problèmes: VESSICATÒRI [Sikatw'Erê]; [S]- initial devant [i] est un fait de système comme l'accommodation [u/y/i] derrière [S], mais les variantes peuvent passer pour des variantes de phonologie post-lexicale, ce qui induit une représentation de fragmentation de type lexical : les localités s'agrègent alors par deux ou trois (CIBADA / CIBIÈIRA), dans des réseaux de proximité, qui renvoient à des réseaux complexes de sociabilité à caractère spatial, historique et sociologique.
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