Re: OCCTANS: SYSTEMES EDUCATIFS
Envoyé par: MAYSONNAVE (abbé) 64 BIDACHE (193.55.175.20)
Date: Lundi, 7 Juin 1999, ˆ 4:14 SIMULATION
En Réponse à: OCCTANS: SYSTEMES EDUCATIFS (FOSSAT Jean-Louis)
Le message OCCITAN: LANGUE VIVANTE et le message OCCITAN CULTURE OUVERTE m'amènent à faire connaître mon témoignage personnel, qui vous apparaîtra sans doute comme bien marginal et archaïque: celui de l'apprentissage de l'anglais langue vivante au petit séminaire collège libre d'Aire sur l'Adour, dans les années 55 (Académie de Bordeaux). Le bon professeur qui nous enseignait l'anglais était sans doute un bon théologien et un bon philosophe; il nous inculquait, vaille que vaille les patrons de l'anglais langue lue (culture lue) pendant que son voisin, professeur de rhétorique larmoyante, nous inculquait le respect de la lecture de Bossuet, de Lamartine; ce qui me fit perdre définitivement toute forme de respect, et m'apprit à mépriser: avec tout cet attirail, on n'arrivait même pas à un niveau de prononciation de l'anglais depuis atteint et dépassé par Enrico Macias; fort heureusement, à cette époque c'était le bon chanoine DAUGE, curé d'ARS, qui nous permettait de lire une forme de l'occitan que nous appelions gascon landais, du tréfonds de notre ignorance, durant nos divagations, entre deux parties de pelote basque; mais moi je n'y reconnaissais pas le gascon de Bidache, ouvert au basque contigu. Un beau jour, arriva au collège, une espèce d'hurluberlu, marginal, divagant, - nous l'avions baptisé l'OURS - qui parlait une langue étrangère sonore, audible, surprenante, agressive: l'anglais, celui qu'il avait appris quelque part, peut-être aux USA, et pas dans les académies, pas à la cour des grands; mes camarades monoglossiques, qui n'avaient appris que le latin et le grec, langues mortes, eux mêmes en étaient stupéfaits: et bras, langue leur en tombaient; il ne savaient pas imiter l'ours; en revanche, moi, qui avais appris au contact des basques à les imiter dans mon gascon de Bidache, je n'ai pas eu de peine à imiter cette ligne mélodique de cokney english, qui nous proposait un anglais "massacré"; l'anglais tel qu'il se prononce réellement ici ou là, avec des caractéristiques d'intensité, de fréquence, d'énergie, de ton, de timbre, de débit, de ligne mélodique qui n'avaient strictement rien à voir avec le patron lu qu'on nous avait inculqué. Il faut dire que, charnego franco-occitano-bascophonisant, j'avais plus de facilités que d'autres à assimiler une ligne tonale, la ligne mélodique qu'on nous donner à écouter, support des observations de grammaire de l'oralité; et décidais d'exploiter au maximum mes capacités de mimer (répétition) les lignes à organisation tonale que l'Ours me donnait à écouter, entendre, comprendre; et je me mis à répéter avec plus de fidélité ses gestes articulatoires. A quoi cela me servit-il? a rien, car, lorsque je poursuivis mes études à la Faculté des Lettres, c'est le professeur de grec ancien (excellent et fort estimable au demeuarnt, dans sa discipline) qui me fit passer l'épreuve d'anglais lu, pour s'assurer que je pouvais accéder en anglais à une littérature scientifique de grande expansion. Cela me conduisait loin de mon expérience personnelle d'auditeur de basque prononcé avec des habitudes gasconnes et vice versa. Mais un beau jour, sur les bancs de la faculté, je rencontrais un maître qui ressemblait à un véritable ours - Ursus Pirenaïcus; il me rapprit à maîtriser toute la systématique de l'occitan régi par l'a pplication de modèles acoustiques interculturels; toute sa doctrine enseignée se ramenait à l'idée que chaque sujet obéissait à un système à plusieurs patrons; ainsi, bizarrement la suite lue jorn (JOUR) était décodée 1° par rapport à un patron en [y]/[3] 2° par rapport à un patron mi-occlusif [d3]/[ts] Alors, muni de cette règle, j'entrepris un grans voyage à bicyclette, à pied, à cheval et en voiture pour la vérifier in situ, comme on disait alors en latin. Quelle ne fut pas ma surprise de vérifier, expérimentalement, le caractère général de cette hypothèse, applicable à toutes les situations linguistiques des langues de la planète: arabe, berbère, hindi, urdu etc... pourvu qu'ils soient langues de la communication parlée intelligible. J'appris plus tard que des épigones avaient cherché à trouver les lois d'expression logarithmique de ce type de régularité qualitative (TON log de fréquence etc.), dans leur quête de connaissances fondamentales sur le fonctionnement des langues, sur principe variationniste. Mais ils furent traités de postmodernistes, de mathématiciens et physiciens divagants, et condamnés pour mésusage de la mesure: òc, eth castèth de Montsegur, que burla totjorn, deth costath deth Tarbeson e de Pradas. Je prie les éminents savants du FORUM de me pardonner ces digressions de mon "moi divagant", et de ne retenir que le schéma masqué sous l'anecdote. Bonjour à toi, l'Ours, qui nous apprit à ECOUTER cet anglais "sans façons": écouter pour entendre; entendre pour comprendre. Comprenne qui peut.
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